DOUCEUR PROTESTANTE

 

SAC DES ANNONCIADES DE TIRLEMONT - 1635

 

Note : les protestants étaient alors appelés : LES GUEUX et aussi les HUGUENOTS

Vous noterez la réponse de ce gueu : “Je ne sers pas Dieu, je sers le démon.”

 

Pour mémoire, la Franc-maçonnerie a été instaurée par des protestants !!!

Voici le texte :

Sac des Annonciades de Tirlemont (BELGIQUE ) - 1635

 

« Pour nous, notre cité est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps si misérable, en le rendant semblable à son corps glorieux, par sa vertu puissante qui lui assujettit toutes choses. C’est pourquoi, mes chers et bien-aimés frères, me joie et ma couronne, tenez ainsi ferme dans le Seigneur, mes bien-aimés. » « Mais c’est toi qui nous délivres de nos ennemis, et qui confonds ceux qui nous haïssent. En Dieu nous nous glorifions chaque jour, et nous célébrons ton nom à jamais. » (Graduel, Ps 43)

Le témoignage de la supérieure du sac de son couvent des Annonciades à Tirlemont le 9 juin 1635 nous aidera à bien comprendre ces paroles de l’Ecriture. Mais l’intelligence de ce qui va suivre, il faut savoir que depuis le traité de Paris du 8 février 1635, le roi de France et les Etats de Hollande s’étaient associés dans la lutte contre les provinces belges de l’Espagne. L’armée franco-hollandaise comportait donc des calvinistes et des huguenots. Malgré les dispositions de l'article V du traité promettant d'accorder à la religion catholique romaine un traitement honorable en considération de Sa Majesté très chrétienne, les soldats hollandais se conduisirent avec férocité. En quelques heures, la ville de Tirlemont fut prise et à peine introduits dans la ville, les soldats protestants commencèrent à piller et à tuer.

Voici ce qui se passa au couvent des Annonciades, établies à Tirlemont depuis six années seulement. (vers 17 h)

 

« Dans ce moment il se fit un bruit dans notre église, comme si ç'eût été le jour du jugement dernier. Il s'y était réfugié quatre à cinq cents personnes de la ville, que la méchante engeance des Gueux avait poursuivies le sabre au clair. Toutes ces personnes furent dépouillées, chargées de coups et faites prisonnières. On brisa tout ce qui se trouvait à l'église. Les sœurs converses essayaient de calmer la fureur de l'ennemi ; mais c'était en vain... Il y avait beaucoup d'objets dans la partie de l'église qui n'est pas soumise à la clôture : en une demi-heure tout avait disparu.

« Alors les soldats se mirent à frapper à coups de marteau sur la porte de la clôture… une troupe de vingt à vingt-cinq soldats, le sabre à la main, se jeta dans notre maison et s'empressa de monter les escaliers. Ils parcoururent nos cellules et forcèrent les armoires. Je courus à leur suite. Je venais d'achever l'écriture d'un nouveau livre d'heures ; j'y avais mis quinze mois ; il n'était pas encore relié. Ils se sont emparés de ce livre et l'ont mis en pièces… Le seul argent en notre possession, je les leur donnai, dans l'espoir que cela calmerait leur fureur. C'était en vain ! Ils continuaient à ouvrir tout de force. Je disais : “Attendez, j'ouvrirai moi-même.” J'ouvrais alors tout. Ils se jetaient sur tout et emportaient ce qui était à leur convenance. Un trompette s'empara d'un drap de lit et le remplit de linge autant qu'il put. A cet effet, il parcourut toutes les cellules. Quand il en eut fait le tour, il entra dans l'oratoire et se mit à arracher les rideaux. Quelqu'un lui cria : “Ce sont les ornements de l'église.” Il répondit :

“Je ne sers pas Dieu, je sers le démon.”

Il s'enfuit alors avec sa charge. Les autres le suivirent, chargés comme des bêtes de somme.

A peine cette première bande fut-elle partie, qu'il en arriva une autre de vingt à trente hommes. Ceux-ci s'emparèrent du beurre, du fromage, de la viande et de toute la batterie de cuisine. Ils semblaient vouloir nous affamer. Ils avaient si bien pillé notre maison qu'il n'y restait pas une miette de pain. Après cet exploit, ils montaient afin de voir ce qui se passait. Ils voulaient forcer le sacrarium et en enlever le saint ciboire. Moi, du côté opposé, je brisais le verre avec la main et j'en enlevais le saint ciboire et les monstrances. Je les donnais à quelqu'un qui les a enserrés dans une forte armoire près du tour. Une demi-heure après, ces serviteurs du démon brisèrent cette armoire. Ils répandirent à terre les saintes hosties et les foulèrent aux pieds. J'étais étonnée que ces sacrilèges ne fussent pas punis sur-le-champ. Mais il est à croire que Dieu les a laissés faire afin de les punir par le feu éternel.

Notre père directeur a recueilli ces saintes hosties et les a consommées.

Lorsqu'ils eurent achevé la spoliation de notre maison, ils s'attaquèrent à nos personnes. Ils nous arrachèrent l'anneau que nous portions au doigt. Ils nous parlaient dans les termes les plus durs et les plus grossiers. Nous croyions notre dernière heure arrivée. Vers le soir un Français voulut s'opposer à eux. Mais, plus forts que lui, ils lui portèrent un grand coup de sabre à la tête. Il fut obligé de prendre la fuite.

Alors il arriva des gens à cheval ; ils entrèrent avec tant de fureur que nous croyions qu'ils allaient nous fouler aux pieds. Nous nous enfuyions à la chambre du chapitre. Ces tyrans de Gueux nous y suivirent et nous chargèrent de coups comme si nous eussions été des chiens. Je m'écriai : “Jésus, Marie”… et ils me frappèrent davantage. Alors ils dirent : “Chiennes, donnez-nous de l'argent.” Je leur répondis : “Je n'ai pas d'argent.” Ils se mirent à blasphémer de la manière la plus horrible. Le père directeur était avec nous. Il dit : “Laissez-la en paix, elle n'a pas d'argent.” Ils tombèrent sur lui en criant : “Papiste,” et ils le frappèrent comme s'ils eussent battu sur une enclume. Notre sœur Barbe reçut un grand coup de sabre à la tête; si elle ne s'était pas laissé choir, elle eût été tuée sans aucun doute. Alors ils firent la chasse à notre père directeur et le poursuivirent jusqu'à l'entrée du verger. Il tomba à genoux. Ces bourreaux ne firent qu'en rire et le frapper. Il avait reçu huit blessures à la tête, perdu trois doigts et reçu deux coups d'épée au côté.

Quelqu'un avait donné par la fenêtre de la chambre du Chapitre douze florins à garder à sœur Elisabeth Wiclant... Vaincue par les menaces, elle donna l'argent. Alors ce fut pire encore ; ils nous frappèrent encore davantage. Sœur Elisabeth se sauva par la fuite, et moi je reçus un coup si violent à la tête qu'il me sembla qu'il en jaillissait du feu. L'épée glissa sur mon nez que je croyais coupé. Je saignai au moins pendant dix heures, de sorte que j'étais tout en sang de la tête aux pieds. Cependant je réussis à monter et à rejoindre les autres. Quand nous étions de nouveau réunies, nous faisions la revue de notre monde. Il nous manquait deux religieuses, la sœur vicaire et sœur Catherine Van Beveren, notre messagère. C'était pour nous un nouveau sujet de douleur et une nouvelle blessure.

Alors montèrent quatre soldats, le sabre dégainé. Ils nous frappèrent comme si nous eussions été des animaux. J'étais agenouillée en avant des autres ; je reçus force coups à la tête. La sœur Elisabeth Wiclant me renversa en disant : « Laissez-les frapper sur votre corps. »

Il y avait parmi nous une femme du voisinage qu'ils frappaient à la tête avec un marteau. Elle s'écria : “Jésus, Marie.” Ils lui portèrent un nouveau coup, et cette femme tomba morte au milieu de nous. Une demi-heure après l'assassin revint et dit : “J'ai tué cette femme, c'est ma faute.” Et il se mit à rire. Lui et ses compagnons nous accablèrent de nouveaux coups. Ils ont rompu quatre sabres en nous frappant.

La sœur vicaire et sœur Catherine s'étaient tenues cachées derrière la porte de l'armoire près du tour. Quand un peu de tranquillité se fut rétabli, elles remontèrent auprès de nous. Nous étions au comble de la joie. La porte de notre cloître avait été fermée, nous ne savions par qui. Nous espérions enfin d'être libres. Mais bientôt on frappa avec violence à la porte. La soeur vicaire et sœur Barbe descendirent. Celles-ci alors se trouvèrent devant des soldats malhonnêtes et grossiers, qui de nouveau nous chargèrent de coups et tinrent les propos les plus licencieux. La sœur vicaire s'était sauvée au jardin et sœur Barbe à l'oratoire.

Il était deux heures de la nuit. Nous avions à peine respiré pendant le temps de réciter deux Pater, qu'il arriva de grandes bandes de soldats qui brisèrent à coups de marteau les bancs sur lesquels nous étions assises. Jugez, lecteur, du trouble de nos cœurs. Nous ne vîmes aucune fin à nos douleurs, et nous nous dîmes souvent pendant cette nuit : “Seigneur, n'êtes-vous plus miséricordieux ? Et vous, Marie, mère de Dieu, n'êtes-vous plus la mère de la miséricorde ? »

Il m'est impossible de décrire ce que ces méchants nous ont fait souffrir encore jusqu'au matin. Ils nous traitèrent comme auparavant ils en avaient agi envers les martyrs de Gorcum (moquerie et incitation à l’apostasie…). Quelques-uns voyant qu'il n'y avait plus rien à prendre et que nous étions si désolées, nous disaient que nous étions bien folles de ne pas nous marier. L'une ou l'autre parmi nous essayait bien une réponse. Cependant nous n'osions pas répliquer grand-chose, de peur de les faire recommencer. D'autres arrivèrent habillés de rochets et d'étoles et tenant des goupillons à la main, ils nous donnaient l'eau bénite par dérision.

Au point du jour arrivent des Français qui les prirent en pitié… : « Nos cœurs étaient soulagés et la crainte disparaissait. Nous commencions à parler et à leur raconter ce qu'on nous avait fait endurer la nuit et la veille. Quelques-uns apportaient du pain. J'ignore si quelqu'un en a mangé. Quant à moi, j'étais si malade qu'il m'aurait été impossible de manger la moindre chose. Le Français dont j'ai parlé plus haut, qui nous avait courageusement et chrétiennement aidées et protégées, et qui avait reçu pour nous un coup violent à la tête, revint aussi. Il était tout couvert de sang et vint s'asseoir auprès de nous. Sa tête était pansée avec un mouchoir, et il nous témoignait beaucoup de compassion Ils s'assirent auprès de nous et agirent comme les amis de Job malheureux et couvert d'ulcères. Ils nous apportèrent toutes sortes d'objets, des assiettes d'étain, des plats, etc. Vers neuf heures et demie il arriva trois Français qui nous disaient : « Mais, mes soeurs, que restez-vous ici ? Allez avec nous, nous vous conduirons chez le commandant. » Je répondis : « Nous n'avons pas d'ordre. Nous ne savons ce qu'est devenu le père directeur, ni le père sous-directeur. » L'un d'eux disait : « Il y a un père couché à l'église; allez lui demander si vous pouvez partir. » Il me semblait qu'un autre ajoutait : « Il est mourant. » Ces paroles étaient comme un glaive perçant pour mon coeur. Nos soeurs descendirent et trouvèrent l'église en feu de trois côtés à la fois. Heureusement elles parvinrent à éteindre l'incendie. Le père directeur, Egide Dobhelerius, était mort, pour sa gloire, le matin de ce jour, de trois blessures mortelles à la tête et au ventre et de plusieurs autres blessures qu'il avait reçues des Gueux. Le sous-directeur, le P. Guillaume de Witte, mourut le mardi suivant des suites de ses blessures.

Cependant les trois Français ne cessaient de dire : « Mes soeurs, partez avec nous. Il arrivera bientôt des Anglais. Ils vous enlèveront l'honneur et la vie ! » A ces mots nous nous levâmes toutes. Voyant un crucifix, je le pris à la main, et nous descendîmes ensemble en laissant tout ce que les Français nous avaient apporté. Dans un petit grenier, donnant sur l'escalier, avait été déposé un tonneau contenant de l'huile. Les Gueux l'avaient mis en pièces et l'huile s'était répandue sur tout l'escalier. Notre habit religieux en recevait force taches. Dans cet accoutrement et entièrement dépouillées, nous quittâmes notre couvent au nombre de dix-huit, quinze religieuses et trois personnes séculières revêtues de l'habit religieux. Nous laissâmes notre maison ouverte à tous les vents et nous suivîmes les Français.

Arrivées dans la ville, nous avons vu les rues des deux côtés tout en feu et remplies de cendres. Ce n'était pas sans peine que nous nous sommes avancées, parce que le pavé était brûlant. La sœur vicaire, privée de souliers, a dû se traîner nu-pieds sur ces pierres ardentes ! Avant d'arriver à la porte de la ville, nous avons rencontré un estaminet, La Cigogne, et nous avons dû y passer sous une porte dont trois poutres étaient enflammées. Il y avait grand danger à passer, et nous ne l'avons fait qu'en tremblant, mais heureusement et par un effet de la bonté de Dieu, sans accident fâcheux. La Providence nous avait préservés de la mort. Et, en effet, un moment après les poutres s'étaient écroulées. Nous nous avancions, et nous voyions, ici un corps d'homme sans tête, là un homme à l'extrémité, plus loin un enfant inanimé, plus loin encore une femme agonisante. Ç'avait été un massacre général !...

Arrivées à la porte de la ville, nous la trouvâmes investie par les soldats de la cavalerie frisonne et hollandaise qui voulurent s'opposer à notre passage. Les Français tirèrent leurs épées et les Hollandais firent de même. Les chevaux de ces derniers se pressèrent si fort qu'il ne fut pas possible de passer. Cependant les Français, à force de pousser, pratiquèrent une ouverture et nous passâmes. Dans cette bagarres, deux de nos soeurs perdirent chacune une pantoufle.

Les Gueux se moquaient beaucoup des Français, parce qu'ils allaient en compagnie de béguines. Mais les Français riaient également des Gueux. Entre temps nous marchions avec tant de peine que certainement nous eussions succombé en route, si le Dieu miséricordieux ne nous eût fortifiées.

Faute de bien connaître les chemins, on nous avait mal conduites. Après une marche d'une demi-heure, il nous a fallu revenir sur nos pas. On concevra mieux que nous ne pouvons le dire combien cette contrariété nous a paru pénible !

Nous avons rencontré plusieurs fois sur notre route des Hollandais, qui ont offert de nous servir de guides. Mais les Français leur ont adressé des paroles très dures…

Voyant avec quelle peine nous nous traînions, nos bons Français descendirent de leurs chevaux et voulurent nous y faire monter. Nous leurs présentâmes nos excuses et nos remerciements. Alors, marchant à pied à côté de leur monture, ils nous aidèrent à marcher en nous soutenant du bras.

Après une marche pénible d'une heure, nous étions arrivées, harassées de fatigue, à l'église de Hakendover. Nous n'étions encore qu'à une demi-lieue de Tirlemont ! Dans l'église de Hakendover tout avait été mis en pièces ; c'était affligeant ! Par les soins des Français on nous y apporta de l'eau et de la bière. Après quelque temps de repos, nos guides faisaient panser nos plaies par un chirurgien. Cette opération finie, ils nous faisaient monter, deux autres soeurs et moi, sur un chariot déjà occupé par d'autres religieuses. Le reste devait marcher à pied. Une heure après, arrivées à l'abbaye de Heylissem, nous y trouvions un millier au moins de personnes et toutes sortes de religieux. Nous y rencontrions également le P. gardien des Récollets.

Nos Français s'étaient rendus auprès du prince (dirigeant l’armée) ; ils y demeurèrent une demi-heure. Alors, revenant auprès de nous, ils nous disaient que nous devions tous, d'après l'ordre du commandant, partir pour Saint-Trond. Trois lieues nous en séparaient (12 km). Tout le monde se mettait de nouveau sur pied et en mouvement ; on aurait dit le départ d'une procession. Grâce à l'appui du P. gardien, j'obtenais une place sur un chariot, déjà chargé de trente et une personnes. La supérieure de l'hôpital, dangereusement malade et enveloppée dans une couverture, s'y trouvait aussi. Nous étions serrées et empaquetées comme des harengs. Moi, j'étais assis sur l'échelle ou la rampe du véhicule. J'en avais le corps comme brisé.

Le prince commandant avait fait remettre cinq pièces en or de quatre florins à nos sœurs converses ; il nous avait donné une garde de cinquante hommes. Les Français ont encore marché un quart de lieue avec nous ; alors ils ont fait leurs adieux. Nous les avons remerciés aussi cordialement que possible, et nous leur avons promis de prier pour eux toute notre vie. Cela leur a fait beaucoup de plaisir.

A la distance d'une lieue de Saint-Trond, on nous fit descendre du chariot. On n'osa pas nous conduire plus loin, de peur, disait-on, des soldats espagnols faisant parfois des sorties de Léau. Chacun dut s'en aller comme il l'entendit. La supérieure de l'hôpital fut déposée dans une chaumière et le lendemain transportée à Saint-Trond. Elle y expira deux jours après et recueillit, ainsi que nous l'espérons, la palme du martyre.

Nous sommes arrivées à Saint-Trond entre huit et neuf heures du soir. Nous y avons reçu, pendant dix jours, l'hospitalité chez l'oncle d'une béguine de Tirlemont. L'oncle, et la nièce qui s'y était réfugiée aussi, nous ont traitées avec une grande charité. Mais les Récollets de Tongres nous ayant invitées à nous rendre dans cette ville, nous partîmes dans deux carrosses pour cet endroit, et nous y descendîmes chez les Sœurs grises dites du petit monastère de Saint-Jean…

« Pour nous, notre cité est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps si misérable, en le rendant semblable à son corps glorieux, par sa vertu puissante qui lui assujettit toutes choses. C’est pourquoi, mes chers et bien-aimés frères, ma joie et ma couronne, tenez ainsi ferme dans le Seigneur, mes bien-aimés. »

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