LA MICHELADE

LA  MICHELADE  (9)  

 

CHAPITRE III 

 

MASSACRE DES CATHOLIQUES DE MONTPELLIER EN 1561 

 

PILLAGE DE LEURS ÉGLISES EN 1621 

 

Dès son origine, le protestantisme fut dans la ville de Montpellier, comme ailleurs, une cause de 

division, de discordes et de haines. 

 

Jusqu'en 1561, plus ou moins respectueux des édits, les protestants avaient laissé le culte catholique s'exercer 

librement. Le 9 août 1561, Mauget, le même qui avait planté l'église de Montpellier, communiqua au 

consistoire de Nîmes, où il était pasteur, une lettre dans laquelle les religionnaires de Montpellier demandaient 

si le moment n'était pas encore venu de s'emparer de quelques-unes des églises catholiques. 

 

Cette lettre prouve la préméditation. Les huguenots jetèrent les yeux sur Notre-Dame des Tables qui 

renfermait un trésor considérable. Le 24 septembre 1561, ils s'y précipitèrent, et le soir ils y firent le prêche. 

Le trésor fut  inventorié pour la forme, par Jacques David, premier consul, huguenot en secret, qui légalisa cet 

acte de spoliation (Il y a plusieurs versions sur la prise de cette église.) 

 

Ce coup de force épouvanta les catholiques. Les chanoines craignant pour la cathédrale, demandèrent au 

vicomte de Joyeuse l'autorisation d'y placer une garnison et de la fortifier. Les ordres religieux, les prêtres des 

autres paroisses croyant que les vases sacrés y seraient plus en sûreté, les y transportèrent. 

De leur côté, les protestants armèrent et firent le guet pendant la nuit. Ils ne se contentèrent pas d'armer. « 

C'est alors qu'apparurent ces bâtons triangulaires, dit le protestant Corbière, dont on se servit trop souvent 

pour battre les ecclésiastiques. Ils ont acquis une triste célébrité sous le nom d'espoussètes de Montpellier

Les fidèles irrités, dit le manuscrit cité par d'Aigrefeuille, - ce manuscrit est d'un auteur protestant - prévoyant 

que du lieu de Saint-Pierre leur pouvait être fait dommage, commencèrent à s'armer de leur part et faire la nuit 

le guet en armes ; aucuns d'eux de basse (2) condition prirent telle audace qu'ils allaient dans la ville avec 

armes et gros bâtons, frappant d'iceux les prêtres et les religieux «  tant qu'ils en trouvaient ; et ils nommèrent 

ces bâtons espoussètes ». 

 

D'après Aigrefeuille et Thomas, les huguenots auraient demandé à prêcher dans cette église alternativement 

avec les catholiques. Ceux-ci refusèrent. 

 

Montagne et Bèze l'attribuent à une provocation de l'évêque Pellicier, qui serait venu insulter les huguenots 

dans leur assemblée. Cet évêque, croyons-nous, en était incapable. 

 

Voici le récit de Philippi. 

 

« ... Fut le dit temple saisi, comme le matin dudit jour (24 septembre), un mardi, les prêtres à l'accoutumée 

ouvraient les portes pour dire les premières messes pour le peuple qui allait au travail ; furent là aucuns des 

fidèles à ce commis qui saisirent les clefs dudit temple sans user d'autres rigueurs. » 

 

(2) On trouvera à la fin de ce chapitre le texte exact de Philippi. 

 

Après avoir rapporté ce passage, Corbière, dans son Histoire de l'Eglise réformée de Montpellier, dit qu'il 

n'essaiera pas de débrouiller la question confuse de savoir de quel côté vinrent les bons et les mauvais 

procédés. Sans doute pas des prêtres qui reçurent les coups d'espoussètes. 

La question de savoir d'où vinrent les mauvais procédés est claire ; ce qui est embrouillé, c'est la capitulation 

qui suivit l'attaque du 19 octobre 1561, et précéda le massacre. 

 

Les espoussètes portèrent leur fruit : L'évêque de Montpellier, le gouverneur, le juge-mage, voyant la ville en 

ébullition, quittèrent leur poste, et laissèrent la populace maîtresse du terrain. L'autorité n'étant plus 

représentée dans cette malheureuse ville, les deux partis en vinrent aux mains

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