KOSOVO

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KOSOSVO - C C F D 

 

J'ai assisté à un colloque organisé par le CCFD : COMITE CATHOLIQUE CONTRE LA FAIM (et pour le ) 

 

Développement 

 

Je suis tenté d'appeler ce mouvement CCFD ainsi: 

Comité Communiste (contre la ) FOI DIVINE 

 

Le CCFD avait fait venir deux kosovars musulmans animateurs d'une association dans leur pays. 

Chiffres avancés par ces deux kosovars: Il reste 5 % de serbes donc chrétiens au KOSOVO ! Mais où sont 

donc passés les 95 % ? 

 

Pour rectifier leur conférence, je vous livre les infos concernant une vraie association qui agit pour le bien des 

serbes chrétiens. 

 

Marion Chevtzoff, présidente de Solidarité Kosovo : 

 

« Au Kosovo, 150 églises ont été détruites» 

 

 

Entretien paru le 31 janvier 2011 dans la revue "Monde&Vie" 

 

Monde et Vie : Marion Chevtzoff, avec une équipe de Solidarité Kosovo, vous vous êtes rendus au Kosovo 

juste après Noël. 

 

Quœalliez-vous y faire ? 

 

Marion Chevtzoff : 

 

Depuis 2004, des membres de notre association se rendent plusieurs fois par an dans les enclaves serbes du 

Kosovo, afin dœapporter à leurs habitants un soutien à la fois matériel et moral. Cet hiver, nous avons 

organisé notre treizième convoi. Nous avons quitté la France le 26 décembre et, après avoir couvert 1 800 

kilomètres avec deux camions remplis de matériel scolaire, de matériel de sport, de jouets et de vêtements, 

sommes arrivés le lendemain à Kosovska-Mitrovica, où nous sommes restés jusquœau 1er janvier. 

 

M&V : Cœest une longue route? Les Kosovars musulmans ne vous créent-ils pas de difficultés, lorsquœils 

voient que vous vous rendez dans les enclaves serbes ? 

 

M.C. : Cœest une longue route, en effet : nous traversons lœItalie, gagnons Belgrade, après quoi il nous reste 

encore 300 kilomètres. Nous passons la frontière internationale, tenue par lœONU. Lorsque nous passons en 

zone sud, côté Albanais, et que les douaniers nous demandent où nous allons et quels sont nos contacts, les 

choses se compliquent un peu : on nous demande de nombreuses pièces administratives et ces tracasseries 

peuvent prendre un certain temps. Lors du convoi organisé au mois de mai dernier, les formalités 

administratives nous ont fait perdre six heures : nous avons compris ce que vivent les Serbes au Kosovo? 

Ensuite nous rejoignons Mitrovica par de  petites routes. Cette petite ville est coupée en deux : au nord sœétend 

la zone serbe, où vivent 20 000 Serbes, avec une petite église construite sur les hauteurs. Au sud, la  partie 

albanaise est peuplée de 80 000 personnes et dominée par plusieurs minarets. Entre les deux coule la 

rivière Ibar au-dessus de laquelle passe un pont, placé sous le contrôle de soldats français de la Kfor. 

 

M&V : Les soldats français sont donc encore présents au Kosovo ? 

 

M.C. : Oui. En 1999, il y a eu un décalage entre le retrait des troupes serbes et lœarrivée de celles de la 

Kfor, que les Albanais ont mis à profit pour dévaster les villages serbes. 

 

Les Français se sont déployés après ces événements et il en reste encore environ 8 000, qui protègent la 

population serbe, mais leur nombre diminue     officiellement parce que les choses sont censées mieux se 

passer entre Serbes et Albanais, en réalité en raison des coupes budgétaires pratiquées par le gouvernement 

français. 

 

Cœest ainsi que les églises serbes, hier encore gardées par les militaires français, le sont aujourdœhui par le 

KPS, la police kosovare, composée de musulmans de lœUceka dissoute, qui naguère brûlaient ces mêmes 

églises. On conçoit que les Serbes ne leur fassent pas confiance? Les troupes de la Kfor continuent cependant 

de protéger les lieux les plus menacés, comme le monastère de Decani, que les musulmans ont tenté de 

détruire à plusieurs reprises. 

 

M&V : Entre Serbes et Albanais, la situation a-t-elle évolué et les tensions se sont-elles calmées ? 

 

M.C. : Les tensions subsistent et les affrontement dégénèrent parfois, comme en septembre dernier : à lœissue 

dœun match gagné par la Turquie contre la Serbie en demi-finale du championnat mondial de basket-ball à 

Istanbul, de nombreux Albanais se sont portés vers lœenclave Serbe de Mitrovica, en criant : 

 

« Turquie ! Turquie ! » 

 

Les soldats français les ont stoppés, mais ont essuyé des jets de pierres. Les Serbes sont régulièrement 

agressés et subissent de très fortes pressions pour les faire partir. Ils ne peuvent quasiment pas sortir des 

enclaves entourées de barbelés où ils vivent, et sont parfois tabassés, comme à Zac, un village serbe  détruit 

lors des pogroms de 1999 et dont tous les habitants avaient été chassés. En 2010, certains ont décidé de sœy 

réinstaller. Les Albanais devaient en théorie rebâtir leurs maisons, mais nœont rien fait. Ces Serbes vivent 

dans des camps de réfugiés, sous la tente, par des températures très froides en hiver. 

 

Ils ont fait lœobjet de nombreuses agressions : au mois de décembre, un chef de famille y a été roué  de coups 

et ils ont été à cinq reprises la cible de tirs à lœarme automatique depuis le mois dœavril. Les pressions sont 

souvent plus sournoises : on exproprie les vergers et les pâtures appartenant aux églises, on multiplie les 

coupures dœélectricité? 

 

Pour vous donner une idée de lœambiance qui règne sur place, cet hiver nous nous sommes rendus dans 

lœenclave dœOrahovac, un ghetto serbe très pauvre, situé sur les hauteurs de la ville. Arrivés à un no manœs 

land parsemé de maisons brûlées, le pope qui nous le faisait visiter nous a dit de continuer seuls : il ne lui était 

pas permis de continuer plus loin, il aurait risqué de se faire agresser. Voilà 12 ans que la guerre est terminée 

et les chrétiens ne peuvent ni sortir de leurs ghettos, ni circuler, ni commercer, ni travailler. Si nous voulons 

apporter de la nourriture à lœenclave serbe de Zac, nous sommes par exemple contraints de lœacheter en zone 

albanaise. Pourtant, personne ne semble sœémouvoir de ces discriminations flagrantes. Résultat : en 1999, les 

Serbes représentaient 12 % de la population du Kosovo, contre 4 % aujourdœhui ? Le nettoyage ethnique est 

 

en cours. 

 

M&V : Qui est à lœorigine de ces persécutions ? 

 

M. C.: Tantôt le pouvoir albano-kosovar en place, tantôt les extrémistes albanais. Lœensemble des Albanais se 

sentent assurés de lœimpunité, depuis le jeune qui frappe un père de famille serbe, jusquœau chef du 

ouvernement. Il faut savoir que lœactuel  premier ministre du Kosovo est accusé par un rapport émanant du 

Conseil de lœEurope dœavoir organisé, en 1999, un trafic dœorganes sur quelque 400 Serbes et non-Albanais? 

Les Serbes demeurent sous la menace de pogroms comme il sœen est produit en 2004, au cours desquels une 

trentaine dœéglises ont été incendiées, plusieurs villages détruits et dix-sept personnes assassinées, sans que le 

pouvoir albanais ait procédé à aucune arrestation, ni condamnation. 

 

M&V : Les destructions dœéglises ont-elles été nombreuses ? 

 

M. C.: Oui. Il faut savoir quœil y a au Kosovo de nombreux monastères et églises, très anciennes : ce sont des 

joyaux architecturaux de lœécole de Raska, qui datent des douzième, treizième et quatorzième siècles et font 

le lien entre le style byzantin et lœarchitecture romane. 

 

150 de ces églises ont été détruites au bulldozer ou dynamitées depuis 1999, dans lœindifférence générale et 

sans que ce vandalisme émeuve les grands médias. Parallèlement, environ 400 mosquées ont été construites, 

financées pour beaucoup par lœArabie saoudite. 

 

M&V : Comment les Serbes envisagent-ils lœavenir ? 

 

M. C.: Ils ne veulent pas partir et font des enfants : ils relèvent ainsi le défi démographique, mais nœont pas de 

perspectives dœavenir. Ils ne savent pas si, dans un mois ou dans un an, ils ne seront pas contraint de quitter 

leur village et si leurs maisons ou leurs églises ne seront pas brûlées. Ils ne peuvent pas travailler dans des 

entreprises albanaises. Leur agriculture leur assure une autosuffisance, mais il leur est interdit de vendre leur 

production sur les marchés et ils manquent donc dœargent pour acheter ce quœils ne peuvent pas produire 

eux-mêmes : du sucre, par exemple. Ils ne disposent pas de hangars munis de chambres froides pour stocker et 

conserver les produits. 

 

Les quelques congélateurs quœils possèdent ne sont pas fiables à cause des fréquentes coupures dœélectricité 

quœils subissent. Ils doivent donc consommer la nourriture tout de suite, sans pouvoir faire de réserves. On 

comprend donc que les jeunes Serbes soient poussés à lœexode pour trouver un travail ailleurs. Ce qui est 

remarquable, cœest quœils soient si nombreux à vouloir rester. 

 

M&V : Vous êtes Français. Comment êtes-vous perçus par cette population, alors que la France a participé 

 

aux bombardements contre la Serbie ? 

 

M. C.: Nous sommes dœautant mieux accueillis quœils se souviennent de la traditionnelle amitié franco-serbe 

et restent très francophiles. Le plus beau monument de Belgrade est dédié à la France? Après les 

bombardements de 1999, auxquels les Français ont en effet participé, ils disaient : 

 

« Les Américains nous ont tués, mais les Français nous ont brisé le coeur. » 

 

En 2008, la reconnaissance de lœindépendance du Kosovo par la France a été dœautant plus douloureusement 

ressentie que Nicolas Sarkozy sœest précipité pour le faire : notre pays a été le troisième à reconnaître le 

 

Kosovo, après les Etats-Unis et lœAfghanistan? Le comportement exemplaire des militaires français sur place 

a cependant contribué à redorer le blason de la France et à restaurer le traditionnel lien dœamitié franco-serbe. 

Les soldats français voient bien où sont les victimes et ont naturellement plus dœaffinités avec cette 

population chrétienne : 

 

à Mitrovica, quand ils sortent, cœest du côté serbe, il y a eu des mariages entre certains dœentre eux  et des 

femmes serbes. Ce sont aussi les Français qui ont protégé les monastères menacés. Avec les Italiens, ils sont 

beaucoup plus présents sur le terrain pour protéger la minorité serbe que les Allemands ou les Américains. La 

population le sait et nous sommes toujours chaleureusement accueillis. Les Serbes sont pauvres, mais très 

hospitaliers.  Ils nous disent : « Venez nous voir, même si vous nœapportez rien. Cela nous fait du bien, nous 

sommes isolés. » 

 

Propos recueillis par Hervé Bizien 

 

www.solidarite-kosovo.org 

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