HISTOIRE AFN (8)

HISTOIRE  AFN  (8)  

 

c) IFRIKIA. 

 

Il faut ajouter probablement les habitants de Biskra et de Tobna. El Bekri dit en effet que la population de 

Biskra appartient à la race mélangée (latino-berbère). Quant à Tobna, il affirme qu'elle est habitée par deux 

races : l'une d'origine arabe et l'autre de race mixte (romano-berbère). Dans les conflits qui s'élèvent  entre ces 

deux races, dit l'auteur arabe, les gens de la première appellent à leur secours les Arabes de Thouda, et ceux de 

la seconde, les gens de Biskra 

 

Le Kitab el Adouani cite comme étant d'origine chrétienne les habitants de Badis, Thouda, Tolga, Bordj el 

Amri à 4 kil. à l'E. de Tolga, Biskra, Farfar, à 31 kil. à l'O. de Biskra, Bentious, à 30 kil. S. O. de Biskra. (El 

Bekri, trad. De Slane, pp. 125-127) ? (Rec. Const., XII, 1868, p. 29) 

 

Le Kitab el Istibçar dit de son côté : 

 

« Les habitants de Tozeur sont les restes des Roum qui habitaient l'Ifrikia avant la conquête musulmane, et il 

en est de même de la majeure partie des habitants de Kastilia et du Djérid. Ces populations changèrent alors 

de religion pour sauver leurs propriétés... Ceux qui se firent musulmans et qui restèrent dans le pays, en 

conservant leurs biens... tels furent les gens de Kastilia... Ils (les habitants d'El Hamma de Tozeur), descendent 

des Roum du pays qui se convertirent à l'islamisme pour conserver leurs biens.» (L?Afrique Sept., au 

XII°siècle. Traduction de Fagna, dans le Rec. De Const. XXXIII, 1900.) (pp. 77-78-80) 

 

C'est donc à tort que l'on affirme l'extermination en Afrique du nom chrétien par les chefs arabes du VI° 

siècle, au nom du 

 

« Crois ou meurs ». 

 

Les documents historiques que nous possédons, et on n'a pas le droit de les rejeter, disent le contraire. Ceci, 

nous croyons devoir l'affirmer au nom du  droit imprescriptible de la vérité. 

 

Qu'au milieu des horreurs de la guerre, les troupes arabes se soient laissées aller à des massacres inutiles parce 

qu'elles avaient des chrétiens en face d'elles, qu'elles aient forcé sous la menace de la mort les Berbères qui 

avaient déjà apostasié par intérêt, et étaient revenus à leur première religion, comme Koceïla, d'embrasser de 

nouveau l'islam, c'est ce qui a dû avoir lieu, car les apostats musulmans sont mis dans la même catégorie que 

les idolâtres ; pour eux, c'est la conversion ou la mort. Ils sont Harbii - qui tolerari non possunt. (Reland, 

Dissertatio X, De jure militari Mohammedanorum, III, p. 14 ? Cf. Gibbon, I, c, X, p. 327) 

 

Mais, en ce cas, on les forçait d'embrasser l'Islam non en qualité de chrétiens, mais parce qu'ils avaient déjà 

été musulmans. 

 

L'Afrique a donc eu ses capitulations comme l'Egypte et l'Espagne. 

 

Mais on serait dans l'erreur si l'on croyait que toute violence était évitée par cet accord. Ainsi, par exemple, la 

capitulation de Merida si bénigne en apparence a été accompagnée d'une razzia dans laquelle 30 000 jeunes 

filles ont été faites prisonnières, pour être  emmenées ensuite en Orient avec les dépouilles de l'Espagne. (En 

Noweiri, dans Ibn Khaldoun., I, p. 351) 

 

L'Afrique, elle aussi, il est bon de le mentionner ici, a été soumise à des coupes réglées de ce genre.  (Ibn 

Khaldoun., I, pp. 359,367) N'avons-nous pas vu à propos de la prise de Barca qu'Amrou avait eu la cruauté 

d'imposer une telle contribution de guerre qu'il était impossible aux habitants de la payer, en ayant bien soin 

d'insérer dans le traité qu'il accepterait pour payement leurs fils et leurs filles. (Ibn Khaldoun. I, p. 302) 

 

Nous avons dit plus haut que nous n'avons aucun document qui mentionne les traités particuliers passés avec 

les chrétiens de I'Ifrikia pour qu'ils pussent conserver la pratique de leur culte. Quant au fait historique que ce 

droit leur a été reconnu, nous en avons des preuves multiples : nous savons par Et Tidjani qui a accompli son 

voyage dans la régence de Tunisie en 1306-1309, que d'anciennes églises, alors en ruines, existaient  encore 

dans le Djérid. Les conquérants s'étaient contentés de construire une mosquée en face de chacune d'elles. 

(Et Tidjani, Journ. Asiat., 1852, LXI, - XX de la IV° Série- p. 200-203) 

 

Quant à l'impôt auquel ils furent soumis, on ignore à quel chiffre il s'élevait. La djezia établie par Omar était 

de 48 dirhems pour les riches (ceux qui possédaient 10 000 drachmes et plus) - de 24 pour la classe moyenne 

(2 000 drachmes et plus) et de 12 pour les pauvres. (ceux qui sans avoir 2 000 drachmes n?étaient pas tout à 

fait sans ressources. J.A. 1842, 357) La valeur du dirhem et du dinar dont il était la dixième partie a varié 

selon les époques. Au Moyen-Age, le dinar était de 13 fr.; le dirhem par conséquent de 1 fr. 3o. Les chrétiens 

africains ont donc dû payer approximativement, la somme de 62 fr. 10, de 31 fr. 20, de 15 fr. 6o selon qu'ils 

étaient riches, aisés ou pauvres 

 

(Étaient exempts les femmes, les esclaves, les infirmes, les moines. J.A. 1862, p 348) 

 

C'est une somme à peu près égale que les chrétiens paient en Turquie, où la capitation est fixée 6o, 3o et 15 

piastres (J. A., 1851, LIX, p. 515). P. 266 

 

Cahen, dans son travail sur les Juifs d'Afrique dit qu'à la fin du XIV° siècle la taxe était pour eux, en 

moyenne, de deux pièces d'or et 1/8, c'est-à-dire de 19 fr. par tête. 

 

(Rec. Const.  XI, 1867, p. 147) - Sous les Mérinides, les Juifs de Fez payèrent d'abord une taxe individuelle (2 

dinars 1/8° par tête. Cette taxe devint globale (400 ducats par mois). 

L. MASSIGNON, Le Maroc dans les premières années du XVI, siècle. Alger, .Jourdan, 1906° 

 

Toute la communauté était solidaire pour le paiement intégral de cet impôt qui devenait ainsi impôt collectif et 

général, appelé canoun. (Cahen, 1, c) 

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