LES COMBATS DE MAHOMET (2)

LES  COMBATS  DE  MAHOMET  (2)  

 

4) Une nouvelle caravane mekkoise attaquée - date: 624 

 

Contexte : Des marchands Mekkois partent pour la Syrie en empruntant une voie passant par le Nadj et l’Irak, 

à l’est. Aucune escorte armée pour limiter les coûts. Les Médinois, ayant des informateurs à la Mekke, 

apprennent l’existence du convoi. Mahomet, avide d'un gain facile, confie l’organisation d’une razzia à son 

affranchi Zayd. 

 

Le conflit : Les musulmans attendent la caravane aux abords d’un point d’eau, à al-Qarada, point de passage 

obligé. Les Mekkois n’ont aucune chance, ils s’enfuient et laissent 100 000 dirhams aux jihadistes. 

 

Répercussions politiques : Abû Sufyân, un des responsables de la ville de la Mekke, gérée par un conseil 

nommé mala, prend acte de la déclaration de guerre ouverte. Il s'attèle à lever une armée afin de pacifier 

Médine. 3000 hommes sont réquisitionnés. 

 

5) La bataille d’Uhûd : la revanche légitime des Mekkois - Date: mars 625 

 

Protagonistes: 3000 Mekkois dressent un siège dans la localité d'Uhud, à quatre kilomètres au nord de 

Médine. Côté Médinois, les partisans de Mahomet réunissent seulement 1000 hommes, les juifs de Médine ne 

se sentant pas concernés, et une partie de la population arabe ne s'estime pas tenue de se solidariser avec 

Mahomet, leurs accords se limitant à un engagement en cas d'assaut sur la ville seulement. Or, les Mekkois 

adoptent une stratégie attentiste et ce sont les Mahométans qui décident de lancer l'assaut. 

 

Le conflit: les médinois se laissent attirer en plaine et sont en butte à l'importante cavalerie Mekkoise, dirigée 

par Khâlid Ibn al Walîd (futur rallié qui servira Mahomet sous le nom de « Sabre de l'islam »). Le rapport est 

inégal. Les Médinois perdent 70 hommes, Mahomet manque d'être tué et son oncle, Abou Hamza n'a pas cette 

chance. 

 

Alors qu'il avait là une occasion d'en finir définitivement avec les musulmans, en « terminant le travail » Abû 

Sûfyan, satisfait de sa victoire, décide ne de pas aller soumettre Médine, ne fait pas de prisonniers, et laisse en 

fuite Mahomet. 

 

Conséquences socio-politiques: La perte de prestige de Mahomet est un désastre. Point d'avantage n'en faut 

pour compromettre les alliances avec des tribus juives dubitatives, et la partie arabe de Médine non ralliée. 

D'ailleurs cette dernière, par la voix de son représentant Ibn Ubayy, émet de sérieuses critiques quant à celui 

qui se disait porté à Badr par une main divine...alors que son échec cuisant à Uhud montre que son soutien 

surnaturel n'est pas si évident. 

 

Mahomet trouve cependant un soutien de poids qui va jusqu'à justifier la défaite: le Coran, qui dans sa Sourate 

 

3, explique: « Ce qui vous a atteints, à la journée où les deux troupes se sont rencontrées, s'est produit avec la 

permission d'Allah, afin que celui-ci reconnaisse les croyants et qu'il reconnaisse ceux qui ont été 

hypocrites...(3.159-160) 

 

Ne vous abandonnez pas, ne vous attristez pas, alors que vous êtes les plus hauts, si vous êtes 

croyants...(3.134.) Allah vous a fait reculer devant les Infidèles pour vous éprouver...(3.146) 

 

Ainsi, l'honneur est sauf, cette défaite n'est qu'une épreuve-test voulue par Dieu pour reconnaitre les vrais 

fidèles! Il suffisait d' y penser. 

 

6) Expulsion d'une deuxième tribu juive: les Banû Nadir - Date: 625 

 

Contexte: l'épisode se situe juste après la défaite d'Uhud (pour lesquels les Banû Nadir n'ont aucune 

responsabilité). A ce moment, des émissaires musulmans en charge de rallier des tribus bédouines sont 

violemment pris à partie par l'une d'elle, et perdent beaucoup d'hommes. Un des survivants musulmans, sur la 

route du retour, tue deux hommes qu'il prend pour des membres de la tribu bédouine en question. Or, ces deux 

hommes appartiennent à une autre, et le prix du sang exige réparation. Toute la cité médinoise est solidaire de 

l'erreur, et même les Banû Nadîr, alors qu'ils n'ont aucune responsabilités, acceptent par la voix de leur chef 

de participer  à la collecte d'argent. 

 

Cause de déclenchement du conflit

 

Alors que le conseil des Banû Nadir est réuni pour délibérer des affaires courantes et donc également de la 

collecte de réparation, Mahomet accompagné de ses Compagnons, restés dehors faute d'autorisation, prétend 

entendre Allah lui révélant le contenu des discussions. Les juifs seraient entrain de comploter contre lui. 

Mahomet tient alors un prétexte pour chasser cette tribu d'agriculteurs, les terres reviendront aux immigrés 

mekkois (muharijun), fidèles de la première heure. 

 

Conséquences socio-politiques: Mahomet renforce un peu plus son hégémonie sur Médine mais attise le 

ressentiment chez les autochtones dû à son favoritisme envers la répartition des biens juifs aux muharijun

 

7) La bataille du fossé: l' Austerlitz de Mahomet - Date: mars 627 

 

Contexte: Mahomet sème toujours la zizanie dans le commerce Mekkois. Lors du grand marché de Badr 

d'avril 626, il parvient à en interdire l'accès aux commerçants Mekkois. Exaspéré, désireux de sécuriser les 

routes marchandes, Abû Sûfyan lance la plus importante offensive contre Médine jamais décidée. 

 

Protagonistes: Les Mekkois, forts des alliances passées avec les Gathafân et les Juifs de Khaybar, réunissent 

10 000 hommes, avec une logistique de 600 chameaux. De son côté, Mahomet réuni 3000 hommes environ. 

 

Le conflit: Les Mekkois dressent un siège aux abords de Médine, mais l'importance du contingent pose des 

difficultés en matière de ravitaillement, et le milieu est désertique. De plus l'utilisation de la cavalerie est 

inopérante à cause de la surface basaltique du terrain. De leur côté, les Médinois usent d'un stratagème: le 

creusement d'un fossé aux abords de l'oasis. Le chantier s'étend sur trois jours, et il faut noter la participation 

de la dernière tribu juive des Banû Qurayza...qui ne seront quelques jours plus tard pas vraiment récompensés. 

Les positions se campent et les semaines passent sans que l'une ou l'autre des parties engagent l'assaut. Le 

temps se fait  long côté Mekkois, l'épuisement décourage certains qui retournent dans la cité de la Kaaba. 

Seules des escarmouches ça et là rythment le quotidien, et les Mekkois lèvent le camp après n'avoir perdu 

qu'une vingtaine d'homme. 

 

Succès pour Mahomet. 

 

Conséquences socio-politiques: Galvanisé par ce succès, Mahomet est le chef incontesté de Médine. Il va 

s'efforcer dorénavant de mettre au pas toute la cité, et ne va à cette fin guère faire preuve de magnanimité. 

 

8) Médine :  la dernière tribu juive victime d'un pogrom. Date: mars 627 

 

Cause de déclenchement du conflit: Selon la biographie officielle (la Sîra) rapportée par Ibn Ishâm, c'est une 

fois de plus une injonction divine qui a décidé du sort des Banû Qurayzah, dernière tribu juive restante après 

l'expulsion des Kaynuquâ' et des Nadir. 

 

 « Vers midi, l'archange Gabriel [...] dit à l'Envoyé d'Allah: « As-tu déposé les armes? » L'envoyé d'Allah lui 

répondit « Oui ». Gabriel dit : « Mais les anges n'ont pas encore déposés les armes. Je reviens maintenant 

après avoir poursuivi ces gens (Quraysh Mekkois et Ghatafân). Dieu-Très Haut- t'ordonne, ô Muhammad de 

marcher contre Banû Qurayzah, moi je me dirige vers eux et je secouerai leurs fortins » 

 

Le conflit: Le siège dressé contre les fortins juifs dure 25 jours. Conciliants, les juifs réclament un émissaire 

musulman pour parlementer et négocier une reddition. L'émissaire en question leur promet la mort. A la 

différence des autres tribus juives contraintes à l'exil, le sort des Qurayzah est moins enviable: les femmes et 

les enfants sont vendus comme esclaves, tous les hommes -entre 600 et 900- sont décapités devant la foule. 

Cette pratique barbare n'était pourtant pas dans les habitudes arabes. 

 

Conséquences socio-politiques: Mahomet est devenu le maitre absolu de Médine. Il va dorénavant s'atteler à 

échafauder un projet d'expansion hors de Médine: le germe du concept impérial, dont la satiété territoriale ne 

connait pas de frontières, est en marche. Des points stratégiques sur les axes commerciaux sont à prendre : au 

nord, Khaybar, refuge des juifs de la région, qui se situe à 200kmde Médine, est un passage obligé pour se 

diriger vers Tabuk et plus encore vers les Ghassanides. Au sud, la Mekke, évidemment. 

 

L'effervescence expansionniste est en marche: Ali conduit une razzia dans le nord contre une tribu arabe 

suceptible de s'allier à Khaybar. Sans coup férir, le jeune homme s'empare de 500 chameaux et de 2000 têtes 

de bétail. L'autre fils adoptif de Mahomet, Zayd, attaque, avec 170 hommes, une caravane mekkoise. Une 

grosse expédition-700 hommes- est dirigée, toujours vers le nord, contre Dûmat al-Jandal. La tribu chrétienne 

des Kalb, qui domine la ville, se soumet sans opposition et son chef donne sa fille en mariage à un chef 

médinois proche de Mahomet, ibn'Auf. 

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