HISTOIRE AFN (14)

HISTOIRE  AFN  (14)  

 

2. - Apostasie des chrétiens indigènes. 

 

Si encore pour les groupes de Berbères chrétiens la qualité avait racheté la quantité ! Mais hélas ! On sait avec 

quelle hâte avaient été embrigadés par les donatistes, ces milliers de paysans indigènes qui allaient parcourant 

la Numidie, mettant tout à feu et à sang, tuant les catholiques et se tuant eux-mêmes, croyant ainsi obtenir la 

palme du martyre. Beaucoup de ces barbares probablement ne savaient de leur religion que crier Deo laudes ! 

 

Les baptêmes en masse qui ont eu lieu en  Numidie, et un peu partout dans l'Afrique romaine au 

commencement du Ve siècle, qui avaient également eu lieu au III° et au IVe siècle, étaient à un certain point 

de vue consolants, mais combien périlleux pour l'avenir! Que peut-on attendre en effet de populations, 

chrétiennes seulement de nom, le jour où éclate une persécution ou quelque tempête inattendue? 

 

On l'avait vu aux terribles persécutions de Dèce et de Dioclétien (1). On le vit encore après 430. Quinze ans 

après ces baptêmes en masse que St Augustin nous signale à Theveste et à Sitifi, par exemple, la domination 

romaine croule en Afrique et s'établit la puissance vandale. (arienne) 

 

Le nombre des apostats fut immense, dit dont Leclercq, en parlant de la persécution de Dèce (L'Afrique chrét., 

I, p. 178). 

 

Ceux qui avaient succombé n'avaient pas l'excuse de la souffrance ou de la torture menaçante, ainsi qu'il 

arrivait dans les persécutions antérieures. Cette fois, le respect humain, la peur et, pour tout dire de ce mot si 

dur, la lâcheté, avaient tout fait. Ce fut parmi les chrétiens d'Afrique une émulation dans l'avilissement. Les 

magistrats furent contraints de remettre au lendemain des fidèles trop empressés à abjurer (S. Cyprien., de 

lapsis 8). 

 

On voyait comme une interminable procession, traversant le forum, et montant les degrés du Capitole: 

c'étaient des chrétiens chargés de fleurs, de victimes, d'encens. Tout ce monde se hâtait, se coudoyait, dans 

son empressement à satisfaire à l'édit... » 

 

(1) Dans les Actes de Ste Crispine martyrisée à Théveste, en 30l, le Proconsul Anulinus dit à la sainte matrone 

 

pour la pousser à l'apostasie : 

 

« Toute l'Afrique l'a fait, tu sais (Actes. 1). » 

 

On pourrait croire qu'il n'y avait là qu'un odieux mensonge; mais St Optat de Milève confirme hélas! cette 

affirmation quand il écrit à propos du concile de 312, contre les traditeurs : 

« En ce temps-là, il n'y avait pas de raison de rougir, car à l'exception de quelques catholiques, tout le monde 

avait péché, et c'était comme une espèce d'innocence que cette complicité dans le crime. » De Schism. Donat., 1, 20. 

 

Un peu plus loin, le même auteur parlant de cette multitude d'apostats, dit encore : 

 

« Comme tous les renégats ne pouvaient approcher des sacrifices sacrilèges, on était forcé de placer partout de 

l'encens, tout lieu était un temple pour le crime, etc. » (1. c., III, 8). 

 

En même temps, les envahisseurs barbares et païens qui, depuis le III° siècle, battaient comme des vagues 

furieuses, les frontières de l'empire, finissent alors par les renverser, submergent, dans une grande partie de 

l'Afrique romaine, les anciennes populations indigènes et les renouvellent sur plusieurs points. 

 

Qu'arrive-t-il ? Les semences tardives que les Evêques avaient commencé à jeter sur les Hauts-Plateaux au 

début du Ve siècle sont étouffées en grande partie, et, des nombreuses chrétientés qui avaient commencé à 

germer à cette époque, deux seulement se retrouvent au VIe et au VII° siècle: Tiaret et Tlemcen (Pomaria). 

 

Assez fortes pour résister à la tempête ou du moins pour renaître de leurs cendres, supposé qu'elles aient 

succombé, car nous ne connaissons pas les vicissitudes par lesquelles elles ont passé après 430, ces deux villes 

ont pu se développer si heureusement, loin de l'ingérence des successeurs de Hunéric, qu'elles ont été, dans le 

Magreb, les deux boulevards de la résistance indigène, contre les Arabes. Quant à tous les autres centres, ils 

avaient disparu ! 

 

Un ouragan semblable s'était abattu sur la  Gaule en 405-406: Les Suèves, les Alains, les Vandales étaient 

passés comme un torrent dévastateur et ne s'étaient arrêtés qu'à l'Océan. De là, ils étaient revenus sur leurs 

 

pas, chargés de butin et d'esclaves : 

 

« C'est à cette incursion, dit Pilloy, qu'il faut rapporter la destruction de tous les établissements romains que le 

IVe siècle avait vu prospérer dans notre pays relativement tranquille jusqu'alors. Après leur passage, nos 

provinces n'étaient plus qu'un désert de ruines fumantes. Les cimetières s'arrêtent à cette date néfaste, par la 

raison péremptoire que les Gallo-Romains, les Lètes, les vétérans auxiliaires et les colons avaient tous subi le 

sort commun : ils avaient été tués ou emmenés en esclavage. 

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